FEMMES

SENEGAL/ QUAND UNE FEMME DECLARE SON AMOUR

Au Sénégal, une femme peut-elle se permettre de déclarer sa flamme à l’élu de son cœur ? En ce troisième millénaire où les femmes réclament une égalité des sexes, prendre une telle initiative devrait être perçu comme une chose normale. Ce n’est pas toujours le cas, hélas…

(Un article de Matel Bocoum, journaliste sénégalaise)

Certaines jeunes filles et femmes sénégalaises préfèrent laisser la flamme consumer leur cœur. D’autres osent franchir le pas. Cela aux risques et périls des unes et des autres. En effet, ils sont nombreux les hommes qui nourrissent une peur bleue à l’égard des femmes. Ils préfèrent rester dans leur coquille lorsqu’ils sont amoureux d’une fille. Dire à la fille de ses rêves « je t’aime » relève pour eux d’un véritable exploit. D’aucuns préfèreront lancer des messages codés que les destinataires ne parviennent pas toujours à déchiffrer. Ils doivent être remplis de joie en voyant la femme de leur rêve briser la glace.

Les hommes qui font preuve d’hardiesse en matière d’amour ne sont malheureusement pas une majorité. Loin de Là, l’homme est de nature orgueilleux. Et le Sénégalais n’échappe pas à la règle. Il éprouve de l’aversion à l’égard de tout ce qui ressemble à de la facilité, surtout venant d’une fille. Il a en réalité plus de considération pour celle qui résiste que pour celle qui se jette à ses pieds. Seule une fille sans éducation, une fille facile ose déclarer sa flamme à l’élu de son cœur. Et dire que ce sont parfois de toutes jeunes filles qui font des déclarations d’amour à des jeunes gens de leur âge. Mais aussi et de plus en plus souvent à des hommes qui pourraient être leur père. Cela dit si de nombreuses jeunes filles draguent c’est souvent pour des raisons bassement pécuniaires.

Prendre les devants constitue un risque pour une fille. Elle a plus de chance de tomber sur un loup que sur un agneau. Ils sont rares les hommes qui lui diront la vérité et n’abuseront pas d’elle. D’autres N’attendent que çà pour lui manquer de respect et lui balancer«  je n’ai jamais été demandeur, je te rappelle que c’est toi qui m’a dragué».

Faut-il donc laisser les jeunes sénégalaises croire qu’elles peuvent se permettre de déclarer leur amour à l’élu de leur cœur ? Alors que d’un autre côté, les hommes sénégalais eux, n’ont pas encore évolué...

MATEL BOCOUM

SOURCE/ LE TEMOIN- Dakar (novembre 2002)